23 Mars 2009
Après avoir passé une nuit dans le touristique village d'Abrão je prend le départ pour une semaine minimum de marche autour d'Ilha Grande. Et dès le premier jour j'ai de la chance puisque je tombe sur un Breton, Julian, qui est lui aussi en route pour faire cette rando à l'invitation de ses amis brésiliens qu'il a rencontrés en Argentine au cours de son voyage. nous voilà donc à 7 pour une marche de 10 jours qui s'avèrera fabuleuse...
A Ilha Grande, pas de voitures. Les gens circulent à pied ou en bateau. Les montagnes se jettent dans la mer directement et la forêt tropicale appelée ici "mata atlantica" est superbement préservée. Les premiers jours nous permettent d'apprécier la gentillesse des gens qui sont toujours prêts à nous laisser un bout de terrain pour planter nos tentes. Pourtant ici tout le monde ne roule vraiment pas sur l'or. A côté des villas luxueuses de riches Brésiliens, Argentins ou autres vivent les gens originaires de l'île. Pour eux la vie est très très chère. Ce pêcheur a par exemple commencé la construction de son bateau il y a trois ans de ça tellement les matériaux coûtent cher à ramener du continent... Pour la plupart, ils vivent de la pêche: calamars et poissons sont encore présents en quantité importante autour de l'île. Cela reste toutefois un métier à risque et la mer, comme partout ailleurs, peut beaucoup donner em même temps qu'elle peut beaucoup prendre...
Les jeunes, aprés avoir effectué leur scolarité sur l'île, veulent partir étudier à Rio ou São Paulo et peu d'entre eux veulent reprendre l'affaire familiale. Heureusement, les débouchés existent dans le tourisme et depuis peu dans l'élevage subventionné de ... moules et de coquilles saint jacques!!! Allez comprendre... En tous cas les moules sont très bonnes on a pu en arracher aux rochers et on s'est régalé!
Au fur et a mesure de l'aventure, on a rencontré plusieurs personnages hauts en couleurs:
Zelio, habite a Praia Longa depuis toujours. Il ne va plus à la pêche mais nous propose de rester dormir chez lui. Nous continuerons finalement motre route mais il nous montre fièrement son jardin et je retrouve là beaucoup d'arbres réunonnais. C'est vrai que l'importation sur l'île s'est faîte massivement depuis le Brésil! Jacquiers, papayers, manguiers, fruits à pain, avocatiers, cerises du Brésil, caramboles, bananes, cocos, café, etc poussent dans tous les jardins sous un climat qui rappelle étrangement l'Est réunionnais...
Octavio a 84 ans. Il possède un terrain d'arbres fruitiers somptueux et nous le fait fait gentillement visiter. Il fabriquait lui même le sirop de canne à sucre, la farine de manioc ou le café pour ensuite le revendre au village d'Araçatiba. En effet il était le seul à posséder le matériel nécessaire... Son atelier est magnifique, les fours et les pressoirs fleurent bon la sueur passée... Aujourd'hui, il vient tous les jours dans sa propriété avec sa femme Maria Augusta. Ils nous offrent quelques fruits bienvenus avant que nous ne reprenions notre route...
Nous passons progresivement du côté abrité au vent au côté exposé et découvrons des paysages extraordinaires, de jour comme de nuit, sous le soleil ou sous la pluie. 3 jours de pause sur la plage d'Aventureiro nous feront le plus grand bien, le corps se repose et on recharge les accus... lorsque nous reprenons notre route, nous enchaînons par de longues plages désertes et des sentiers plus étroits. nous croiserons très peu de monde sur ces chemins qui peuvent parfois être hostiles (boue, serpents...) et l'impression de se retrouver dams un endroit hors du temps est réelle... Les bivouacs se sucèdent et nous arrivons à Dois Rios, lieu d'implantation du pénitencier qui était le plus protégé du Brésil. Ici venaient les prisoniers réputés les plus dangereux du pays. Pendant la dictature, y furent également emprisonnés tous les opposants au régime... 3000 prisonniers, soit 10 fois la population de l'île... En 1994 le nouveau gouverneur de l'Etat de Rio qui y fut emprisonné pendant 20 ans décide de le faire exploser. Ce n'est qu'ensuite que les touristes commencèrent réellement à venir su l'île. Avant ils avaient peur et on les comprend. Il n'était pas rare que des prisonniers arrivent à s'échapper de l'enceinte de la prison. Et s'ils parvenaient à semer les gardes qui les pourchassaient dans la jungle, ils pouvaient prendre en otage un pêcheur avec son bateau pour gagner la terre ferme... L'ancien directeur de la prison nous raconte tout un tas d'histoires sur la vie à cette époque qui n'est pas si lointaine que ça...
L'ilha Grande m'aura offert des images somptueuses et le sentiment de commencer à connaître cet autre Brésil que celui qu'on veut bien souvent nous présenter...