6 Janvier 2008
Apres avoir passe les fetes de Noel il devenait primordial de se mettre "au vert"... Destination San Antonio de los Cobres au coeur de l'altiplano andin. 5 heures de bus en remontant une vallee entouree de montagnes aux couleurs arc-en-ciel. Le vert, le gris, le rouge, le rose ou le jaune se cotoient sans se faire injure et les cactus aux branches cinquantenaires donnent au paysage un ton surrealiste. Passe un col a 4500m d'altitude, le village apparait. On ne le distingue que tres tard tant il se fond dans le paysage aride de la Puna. Ses maisons en adobe, le vent froid qui balaie ses rues, les mont enneiges qui l'encerclent lui donnent une atmosphere austere et froide... ici les habitants travaillent en majorite dans les mines avoisinnantes qui exploitent le cuivre, le borax (isolant) et bien d'autres minerais. C'est un travail dur et bien peu paye en comparaison des difficiles conditions de vie qu'il engendre. La vie se passe surtout a l'interieur des maisons, je n'imagine meme pas ce que cela doit etre en hiver... Je comptait aller vers le sud jusqu'au village de Cachi. A cette periode, il est rare de trouver un transport, il me faudra revenir a Salta par le meme chemin. Je rencontre le soir deux motards, un Italien et un Espagnol qui descendent jusqu'a Ushuaia. Ils me parlent d'un petit village plus au nord blotti au fond d'un canyon au milieu de montagne impressionnantes. Ils me deccidant, je remonte vers le nord et me rapproche de la frontiere bolivienne... Vamos a Iruya...
Arrive a Humahuaca, je dois passer la nuit sur place, il n'y a plus de bus aujourd'hui. Bien m'en prend puisque je rencontre un couple d'Argentins, Oscar et Vanessa, qui se rendent egalement a Iruya le lendemain. Nous passons la soiree a se regaler des paroles d'un trio basse, guitare, quena (la flute andine) dans une peña (concert) sur les hauteurs de la ville... 7h30 le mate brulant me rechauffe le corps a l'heure de monter dans le bus, c'est parti! Veronica vient de Buenos Aires, elle est "Porteña" (habitante de Buenos Aires) comme la majorite des Argentins qui viennent passer leurs vacances dans le coin. Elle me parle de San Isidro, village encore plus petit que celui d'Iruya a 3h00 de marche. La bas, pas d'electricite, peu de touristes, ca commence vraiment a me plaire!
La route est une fois de plus fantastique, elle serpente en longeant d'abruptes precipices et devoile a chaque virage des paysages plus magiques les uns que les autres, les petits villages en contrebas de l'autre cote du canyon ne sont accessibles qu'apres de longues heures de marche. Les enclos pour les betes sont places tres haut dans la montagne, et dire que tout ca s'est construit il y bien longtemps a la force des mollets et grace aux lamas et mules qui eux seuls peuvent porter de lourdes charges. L'empire inca avait assis sa domination dans les Andes jusqu'ici. Il en resulte que les habitants durent payer des impots et travailler a la construction des routes qui reliaient l'empire du nord de l'Equateur jusqu'a la region de Mendoza ici en Argentine. Mais les populations d'ici ont souffert de cet imperialisme quechua et les Aymaras ont perdu une bonne part de leur culture dans l'histoire... Si l'ont ajoute ensuite l'arrivee des Espagnols, on ressent une grande admiration pour ces peuples indigenes (Ne jamais dire "Indien"! C'est tres perjoratif) qui ont du lutter durement pour survivre a toutes ces periodes de domination. L'agriculture, l'irigation, la fabrication de textiles, la cuisine, les chants et la musique, tout nous transporte a une epoque bien lointaine qui a survecu grace a une vision du monde bien differente de la notre. Pour les Incas, le dieu de l'univers Viracocha a donne naissance a Inti (le soleil ) nourrit Pachamama (la terre). Inti etait la force la plus veneree de l'empire (a Cuzco au Perou en particulier). Mais ici, c'est la Pachamama qui est le centre de toutes les attentions. Une fete lui est meme dediee tous les ans a San Antonio au mois d'Aout, tous les villages de la region s'y rendent. Dans cette vision du monde, nous (les humains) ne somnmes qu'une partie en interdependance complete avec la pachamama... Allez je ne vais pas vous dire que tout le monde vit uniquement sur ce mode de vie la! Bien des gens ont cede aux sirenes du consumerisme, certains ne cultivent plus et gagnent leur vie du tourisme, d'autres sont venus s'installer a Iruya par exemple et le petit village s'agrandit chaque annee a coup d'aides gouvernementales distribuees par des politiciens corrompus. C'est du clientelisme c'est pas nouveau et ca existe dans bien d'autres endroits ailleurs, a la Reunion on est bien servi sur ce plan la... Les jeunes se balladent en jeans baskets dernier cri aux cotes des anciens vetus de la tenue traditionnelle, choc des generations quand tu nous tient... Et l'avis d'Alcira, notre logeuse qui en a vu des vertes et des pas mures, nous eclaire sur les jalousies qui peuvent exister entre les gens du village, emtre ceux qui ont recu les aides et ceux qui ne les ont jamais demandees, fierte oblige... Tout n'est pas toujours rose au pays d'Esteban et Zia...
Pour rencontrer une culture encore moins polluee par la consommation, nous nous rendons au village de San Isidro le 1er Janvier... BONNE ANNEE 2008!!!!!!!! Elle commence plutot bien... Les condors jouent avec les ascendances le long d'a pics vertigineux, le soleil est au rendez vous, cela nous permettra de traverser la riviere sans avoir peur d'une eventuelle crue qui nous aurait empeche de nous rendre la bas, et effectivement la randonnee est magnifique meme si la chaleur est tres forte. Apres trois heures de marche nous debarquons au village qui se partage de part et d'autre de la riviere. Apres un repos bien merite, des chants etranges attirent mes oreilles, c'est une copla de l'autre cote de la riviere. Ma curiosite m'emmenera jusqu'a la case d'ou resonnent les chants... C'est une maison familiale. Tous les habitants sont invites mais attention c'est une fete catholique ici. Les evangelistes c'est de l'autre cote et eux ils boivent pas... Alors qu'ici le vin en brique et la chicha coulent a flot, et on danse sans discontinuer. Quatre tambours donnent le ryhme au centre d'un cercle autour duquel le participants repetent les paroles des percussionnistes en se tenant par la main. Les chants sont en espagnol et parlent de vin a boire, ca a du commencer depuis un bon moment. Mais le chant est impressionnant, un de ceux qui vous emmenent dans un forme de transe collective, le moment est magique... Avec tete et Nicolas nous rentront au village pour deguster un Guiso qui nous rechauffera le corps et nous donnera des forces pour le retour du lendemain... La nuit etoilee finit de me bercer, seuls le bruit de la riviere en contrebas et des insectes autochtones "troubleront" une nuit bien reposante...
Je suis en route maintenant pour Mendoza et la region de la chaine de l'Aconcagua, plus haut sommet d'Amerique du Sud. Je vous souhaite a tous une excellente annee 2008 pleine de reussites, d'amour, de projets qui se realisent et vous remercie du fond du coeur pour tous vos voeux, a tres bientot les potos et noubliez pas, 2008 sera l'annee du zourite...